Les personnages de La Noce chez les petits bourgeois construisent leur identité sur des codes sociaux. Leur apparence, leur prise de parole et même leurs éclats de rire sont des constructions sociales. Nous nous sommes intéressés à la charge que représentent la famille et la société sur l’individu et son comportement. Au début de la pièce, nos petits bourgeois sont maniérés, trop polis : ils sont en représentation constante. Satisfaits d’eux-mêmes, ils ont d’abord une attitude joviale, l'ambiance de la noce est festive. Petit à petit, les esprits s’échauffent, le masque tombe, la caricature du « bien pensant » qu’ils incarnaient est faussée par l’alcool. 

Mais si tout est faux dans l’attitude de ces petits bourgeois, il y a aussi une fausse note dans ce qui les entoure. Seuls le canapé, la table et les chaises existent vraiment ; tout le reste, encore une fois, est faux : une armoire simplement dessinée au mur, une cheminée en carton et un cadre en guise de fenêtre. Ce petit décor « propret » va progressivement être détérioré par les convives pour dévoiler un tableau déconstruit et dénué des fausses apparences de chacun. Le jeune couple se retrouve seul au milieu d’un champ de bataille : la nourriture est gâchée, le mobilier est détruit et leur réputation brisée.

Ces personnages annoncent par bien des aspects la montée d'une idéologie qu'ils vont servir et qui finira par les écraser. Le travail de mise en scène et de scénographie est fondé sur l’idée de construction et de déconstruction progressive d’un foyer, d’une famille, d’un peuple, d’une société.

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Anthony Binet et Laura Mariani

2010